Désolé, il n'y aura pas tellement de musiques traditionnelles, ou de pop indienne/indonésienne, car c'est souvent difficile d'identifier ce qu'on entend dans un resto ou à l'autoradio... Pour l'exotisme, j'ai quand même acheté à Bali 2 CD, de Gamelang et de Kecak ("kètchak"). Le premier est l'orchestre traditionnel, qui quoique connu reste très surprenant et hypnotique. Le deuxième est une sorte d'Opéra accompagné par un choeur très particulier, utilisant une technique vocale presque semblable à des percussions !

Voici l'extrait : Kecak balinais
Les amateurs de musique de jeu vidéo remarqueront que cette technique très particulière a été utilisée dans des morceaux tels qu'un des combats finals dans Secret of Mana, ainsi que la longue séquence d'intro de Vangrant Story.


Le reste des musiques sont essentiellement de VGM (video game music)

Je commencerai par ma plus grande surprise : une magnifique compo du controversé Junya Nakano (depuis qu'il a oublié de briller dans ses compos pour Final Fantaisy X)
Dans un style "transe orchestrale" :
Nakano - Holy war
Outre un titre qui ne laisse pas franchement rêveur, on a là 3 phases bien sympathiques :

  1. Une première assez minimaliste sur un motif de cordes, concentrée sur les accords riches qu'elle fait évoluer progressivement.
  2. Instrumentation à la fois brillante de douce de guitare acoustique, et de cymbales comme des éclats d'eau. Le tissu de corde se poursuit, et des roulements de timbale viennent compenser l'allure effréné donnée par le reste et la rythmique transe.
  3. La dernière séquence est la plus éclatante, propulsant une variété de couleurs aux cordes, telles des jets d'eau, reliés par des fil de mélodies fluides et délirantes (violon & clarinette ?), sur une rythmique transe encore plus affirmée. Le retour sur la première séquence est un peu brutal du point de vue instrumentation, mais ce contraste met en valeur le dépouillement orchestral de ce début, limité au simple timbre des cordes.


Du coté de Masashi Hamauzu, c'est son travail sur FFVII-Dirge of Cerberus qui m'a réservé de bonnes surprises.


Hamauzu - Lucrecia Crescent
Tout est centré sur le saxophone soprano, qui est utilisé quasiment comme une clarinette. Avec émotion et pudeur, il expose un des thèmes principaux du jeu.

Hamauzu - Une fille nommée "Shelke"
C'est là un thème de combat, entre légèreté et tension, centré sur le violon et la flûte traversière.

Hamauzu - Une demande en mariage
Une magnifique variation tragique sur le thème exposé dans Lucrecia Crescent. L'émotion vient notamment de la gravité implacable des cordes et du piano, qui avancent avec régularité, sans relâcher la pression jamais.

Hamauzu - Déclencher les évènements
Difficile de quitter le dossier 'FFVII-DoC sans parler de sa brève mais fantastique musique d'introduction. Les choeurs montent, la rythmique apparaît et l'allure va augmenter par palier sans que le tempo ne bouge d'un pouce. L'effet est le même que dans Une proposition'' : la régularité fait rapidement monter la gravité. Mais le véritable coup de maître se trouve au sommet de cette vague !
1'18" Au lieu d'une grande libération grandiose de cette tension accumulée, Hamauzu laisse place à une seconde de silence, pour retenir cette énergie de la même façon que dans Une fille nommée Shelke. Une instrumentation dépouillée laisse juste échapper 4 accords cuivrés, dans toute la tension silencieuse des cordes, avant d'être repris plus amplement par tout l'orchestre. Sans s'attarder davantage, tout se finit dans le brillant du triangle : c'est bien un introduction, il s'agit de charger l'auditeur d'émotion et non de la laisser s'échapper.


Du coté de Hitoshi Sakimoto, sa centaine de compositions pour Final Fantasy XII m'a fait la double surprise d'un style très nouveau, comparable à une mosaïque, et d'une qualité d'ensemble remarquable.


Sakimoto - La cité céleste ~ Bhujerba
La limpidité de la clarinette et la flûte dans ce morceau allant, fier et mesuré. Cette orchestration basée sur les mélodies aux bois se retrouve dans 2 autres compos plus anciennes. Je les donne ci-dessous :

Sakimoto - Veuillez entrer votre nom
Un dégradé soigné partant d'une clarinette, vers une orchestre aux couleurs calmes d'épique fantastique.

Sakimoto - Le Diseur de Bonne Aventure
Une version enregistrée en acoustique, avec hautbois, flûte, harpe et violons/violoncelles.

De retour vers le Sakimoto bien épique et dynamique qu'on connaît !
Sakimoto - Les Sables orientaux de Dalmasca
Un merveilleux dosage entre la tension, le scintillement joyeux, et la libération éclatante ! L'oreille attentive pourra noter que la mélodie à 1'00" reprends le thème de 0'23", et que thème à 1'37" est repris en majeur à 1'47". Une écoute d'autres musiques de l'album permet de confirmer qu'on peut retrouver en filigrane une dizaine de thèmes un peu partout dans chaque musique. Rien que celle-ci contient 4 thèmes, dont le thème principal à 0'23", et le leitmotiv du mariage à 0'42". On retrouve ces 2 derniers dans le morceau suivant :

Sakimoto - Thème principal de Final Fantasy XII
Une courte séquence d'intro fait la connexion entre ce nouveau thème et le cultissime Prélude à la harpe, qui est repris depuis l'épisode 1 de 1987.
- 0'40" : le leitmotiv du mariage,
- 0'55" : formidable débauche orchestrale pour lancer cette marche !
- 1'17" : séquence scintillante, avec le thème que j'ai nommé "à propos!". Ce fragment est exécuté 4 fois, tandis que les cordes discrètes jouent lentement une première exposition du "thème principal" proprement dit.
- 1'27" : réponse des cuivres et retour sur le motif d'ouverture de la marche.
- 1'32" : Rupture instrumentale, avec sautillement léger de pizzicati. Exposition plus claire mais toujours anecdotique du thème principal.
- 1'55" : Réponse par une autre variation sur le thème principal, et crescendo rapide sur rythmiques brisées ....
- 2'05" : Libération du thème principal dans toute sa splendeur ! (Ce que Hamauzu a évité dans son "Déclenchement d'évènements" !)
- 2'29" : passage rapide vers autre chose grâce au thème "à propos",
- 2'43" : Motifs de conclusion...
- 2'52" : Eclat du majeur final, avec une dernière utilisation du leitmotiv du mariage, fermant ainsi la marche comme elle a commencé.



En conclusion, j'aime bien parler des musiques que j'aime bien :)
N'hésitez pas à laisser un message, si vous avez vos impressions à donner, ou tout simplement pour valider ce grand barratin !